Améliorer le diagnostic précoce des cancers féminins

Améliorer le diagnostic précoce des cancers féminins

Le service de gynécologie – obstétrique de l’hôpital Bicêtre (Hôpitaux universitaires Paris-Sud, AP-HP) s’est organisé pour faciliter l’accès au dépistage dans un temps court.

Le service propose des consultations de diagnostic en un jour du cancer de l’endomètre, appelé aussi cancer du corps de l’utérus, et du cancer du sein, qui sont les cancers gynécologiques les plus fréquents. Son équipe médicale s’engage par ailleurs à former les professionnels aux dernières techniques de diagnostic précoce. Hervé FERNANDEZ, chef du service, revient sur ces initiatives.

Comment les consultations de diagnostic en un jour des cancers féminins ont-elles été mises en place ?

HF : Le service assurait déjà la réalisation des hystéroscopies diagnostiques en consultation, ce qui est peu fréquent en secteur 1. Cette particularité nous a conduit à développer une procédure de diagnostic en un jour du cancer de l’endomètre en lien avec le service d’anatomo-pathologie. Nous avons pu constater que cette consultation de diagnostic rapide, qui débouche sur un projet personnalisé de soins, nous permettait de mieux répondre aux attentes des femmes. L’attente d’un diagnostic est un moment éprouvant. Notre priorité est de proposer un parcours de soins qui ne soit pas générateur d’angoisse. C’est pourquoi nous nous sommes organisés pour délivrer un diagnostic rapide mais aussi pour réduire au maximum le délai entre l’annonce de ce diagnostic et la proposition d’un parcours personnalisé de soins. La consultation de diagnostic en 1 jour du cancer du sein a été mise en place sur le même principe au début de l’année 2010.

Pouvez-vous nous expliquer comment se déroulent ces consultations ?

HF : Le déroulement est sensiblement le même pour les deux types de consultation. Des plages horaires spécifiques leur sont dédiées de façon à ce que chaque patiente puisse consulter sans délai. La patiente est reçue vers 8h30 pour un premier entretien avec un gynécologue du service, à l’issue duquel seront réalisés les examens radiologiques et histologiques. En fin d’après-midi, une seconde consultation est organisée avec le même gynécologue, qui présente les résultats des examens effectués dans la matinée. En fonction des résultats, un nouvel entretien est programmé sous 48 heures, au cours duquel le projet thérapeutique est proposé et expliqué. Les femmes à qui un cancer a été diagnostiqué sont prises en charge par une équipe pluridisciplinaire (gynécologue, infirmière, psychologue) car nous pensons qu’il est important d’avoir plusieurs écoutes. Le fonctionnement de ces consultations repose sur une coordination optimisée des différents acteurs. Les équipes médicales et paramédicales impliquées sont nombreuses : les équipes du service de gynécologie – obstétrique mais également celles de radiologie, de médecine nucléaire et d’anatomo-pathologie. Je tiens à préciser que ces consultations se déroulent en un lieu unique, le service de gynécologie – obstétrique. Nous avons eu l’opportunité, en lien avec le service de radiologie, d’y installer la consultation de mammographie pour faciliter le parcours des consultantes.

Y a-t-il d’autres projets développés au sein de votre service autour de l’amélioration du diagnostic et du traitement des cancers féminins ?

HF : Nous menons une réflexion sur l’importance du facteur socioculturel dans la prise en charge des cancers féminins. Chaque culture a sa manière propre d’aborder la maladie, et nous devons prendre en compte cet aspect. Nous avons pour projet d’organiser dans le courant de l’année 2012 des formations d’ethnopsychiatrie pour les psychologues du service. Cela fait partie aussi de notre mission de soins. Dans le cadre de notre mission d’enseignement, le service s’investit dans la formation continue des médecins pour sensibiliser au diagnostic précoce et à la prise en charge des cancers féminins. Le service est maintenant équipé pour réaliser des formations interactives en visioconférence. Cette installation novatrice, unique à l’AP-HP, est utilisée dans le cadre de multiples formations : échographie, colposcopie, hystéroscopie, etc.

Propos recueillis par Pauline Lalande